1. Définition ¹
Le cancer colorectal est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules tapissant la paroi interne du côlon et du rectum. Il résulte souvent de la transformation progressive de polypes adénomateux bénins en lésions cancéreuses.

2. Épidémiologie ²
Selon les données issues du “Panorama des cancers en France” publié par l’INCa en 2023, le cancer colorectal est le quatrième cancer le plus fréquent en France, avec environ 47 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Il représente la deuxième cause de décès par cancer, soulignant l’importance du dépistage précoce.
Rang | Type de cancer | Nombre de nouveaux cas estimés en 2023 |
---|---|---|
1 | Cancer du sein | 61 214 |
2 | Cancer de la prostate | 59 885 |
3 | Cancer du poumon | 52 777 |
4 | Cancer colorectal | 47 137 |
Ce tableau présente les quatre types de cancer les plus fréquents en France, classés par le nombre de nouveaux cas estimés en 2023.
3. Anatomie du côlon et du rectum
Le côlon et le rectum forment la dernière partie du système digestif, et leur anatomie est essentielle à connaître pour comprendre la localisation des lésions cancéreuses et leurs implications cliniques.

Dans 50% des cas, le cancer du colon se déclare dans le colon sigmoïde et le rectum (où la chambre recto sigmoïde est particulièrement à risque).

4. Sémiologie ³ ⁴
La plupart des patients n’ont pas de symptômes précis en début de cancer. Les symptômes, qui peuvent être très variés et vagues, sont généralement attribués à d’autres raisons (calculs vésicule biliaire, hémorroïdes, mauvaise digestion de certains aliments). Voici la liste des symptômes persistants qui peuvent apparaître à un stade avancé de la maladie :

Différence méléna vs rectorragie ?
Le méléna se caractérise par des selles noires et malodorantes, indiquant généralement un saignement digestif haut (œsophage, estomac, duodénum). La rectorragie correspond à l’émission de sang rouge vif par l’anus, souvent liée à un saignement digestif bas, notamment du côlon ou du rectum. La rectorragie est plus fréquemment associée au cancer colorectal. ¹⁶
Rôle infirmier
La présence de sang dans les selles déclenche souvent beaucoup de peur chez les patients. Il est essentiel de leur expliquer que cela peut aussi être liée à d’autres pathologies bénignes (comme les hémorroïdes), mais qu’un bilan est nécessaire pour en identifier la cause exacte.
5. Étiologies et facteurs Favorisants ⁵ ⁶
Le cancer colorectal résulte de l’interaction de plusieurs facteurs :
- Âge : Le risque augmente significativement après 50 ans. En France, l’âge moyen au diagnostic est d’environ 70 ans.
- Antécédents familiaux : La présence de cancers colorectaux chez des parents au premier degré accroît le risque, particulièrement si le diagnostic a été posé avant 60 ans ou si plusieurs membres de la famille sont touchés.
Dans le contexte d’un cancer colorectal pédiatrique, qui est rare, l’hérédité joue un rôle majeur.
- Prédispositions génétiques : Certaines mutations héréditaires augmentent considérablement le risque.
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) : La rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn, évoluant depuis plus de 10 ans, sont des facteurs de risque importants.
- Mode de vie et alimentation:
- Excès de viande rouge/charcuteries, manque de fibres
- Sédentarité, obésité
- Tabac et alcool
En 2015, selon le Centre international de Recherche sur le Cancer, on estime en France métropolitaine, qu’environ 21 % des cancers colorectaux chez les plus de 30 ans étaient attribuables à la consommation d’alcool.
Rôle infirmier
Tu dois sensibiliser les patients aux facteurs de risque modifiables, notamment l’alimentation et le mode de vie, pour favoriser la prévention du cancer colorectal.
- Antécédents personnels : Les antécédents de cancer colorectal ou de polypes adénomateux augmentent le risque de récidive.
6. Classification ⁷
Le cancer colorectal est classifié selon le système TNM, système international utilisé pour évaluer l’extension anatomique des tumeurs malignes.

Classification TNM | Description |
---|---|
T (Tumeur) | Profondeur de l’invasion tumorale dans la paroi intestinale (Tis à T4) |
N (Ganglions lymphatiques) | Présence de cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques régionaux (N0 à N3) |
M (Métastases) | Présence ou absence de métastases à distance (M0 ou M1) |
Tis signifie “tumeur in situ”, indiquant que le cancer est confiné à la couche la plus superficielle de la muqueuse intestinale, sans invasion des couches plus profondes
Est-ce que le système TNM est utilisé pour tous les cancers ?
Non, il est principalement appliqué aux cancers solides (Le cancer du sein, poumon ou côlon). Les leucémies (cancer du sang) et les tumeurs du système nerveux central utilisent d’autres systèmes de classification.⁷
Conseils
Cette classification est essentielle. Prends le temps de bien la comprendre, car cela facilitera ta communication avec l’équipe médicale si tu es en stage en cancérologie/oncologie.
7. Diagnostic : examens et suivi

7.a. Anamnèse et examen clinique
Recueil des antécédents médicaux, familiaux et évaluation des symptômes cités plus haut.
7.b. Test immunologique fécal ⁸
Recherche de sang occulte dans les selles. Recommandé tous les deux ans pour les personnes de 50 à 74 ans.


7.c. Coloscopie ⁹
Si test immunologique positif, examen de référence permettant la visualisation directe du côlon et du rectum, avec possibilité de biopsies en cas de lésions suspectes.
7.d. Biopsie
Analyse histologique des prélèvements effectués lors de la coloscopie pour confirmer la présence de cellules cancéreuses

Rôle infirmier
– Assure-toi que les patients comprennent les étapes de préparation à la coloscopie, comme le régime alimentaire à suivre et la prise de laxatifs. Une préparation adéquate est essentielle pour la qualité de l’examen
– Prend en compte l’anxiété que peuvent provoquer les examens diagnostiques et offre un soutien empathique.
Seul l’examen anatomopathologique (anapath) fournit un diagnostic de certitude. Un test immunologique positif n’est pas une preuve définitive de cancer.
Deux marqueurs tumoraux (substances produites par les cellules cancéreuses ou par l’organisme en réponse à la présence d’un cancer) par particulièrement suivi dans le suivi du cancer colorectal : ACE (Antigène Carcino-Embryonnaire) et CA 19-9 (Carbohydrate Antigen 19-9).
8. Traitements

8. a. Chirurgie
La chirurgie est la méthode la plus efficace contre le cancer colorectal. ¹⁸

- Détection tumorale : Identification de la tumeur par des examens diagnostiques (comme coloscopie, scanner) pour évaluer la taille, l’emplacement et l’extension de la tumeur.
- Résection tumorale : Retrait de la tumeur avec une portion du côlon ou du rectum, en maintenant des marges de sécurité autour de la zone cancéreuse.
- Anastomose : Si les segments restants peuvent être reliés en toute sécurité, une anastomose est réalisée pour restaurer la continuité digestive.
Stomie
Si l’anastomose n’est pas possible, ou si elle présente des risques importants (par exemple, en cas d’inflammation ou de complications), une stomie temporaire ou permanente est envisagée pour dériver les selles.

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Rôle infirmier
La perte, même temporaire, de la continence fécale peut être une épreuve difficile à vivre pour le patient, suscitant des sentiments de honte, de peur ou d’isolement. Il est essentiel que tu aides le patient à normaliser ces émotions en lui expliquant que ses réactions sont tout à fait courantes et compréhensibles

8.b. Chimiothérapie

- Chimiothérapie néoadjuvante : utilisée avant chirurgie pour diminuer la taille de la tumeur et faciliter son ablation.
- Chimiothérapie adjuvante : administrée après chirurgie pour éliminer les cellules cancéreuses résiduelles et réduire le risque de récidive.
- Chimiothérapie palliative (stade avancé) : vise à contrôler la progression de la maladie et à améliorer la qualité de vie.
Principaux protocoles de chimiothérapie ¹¹
FOLFOX : protocole couramment utilisé en traitement adjuvant pour les cancers du côlon de stade III. Il associe l’acide FOLinique, le 5-Fluorouracile et l’OXaliplatine.
→ couramment utilisé en traitement adjuvant pour cancers du côlon de stade III.
FOLFIRI : combinaison incluant l’acide FOLinique, le 5-Fluorouracile et l’IRInotécan.
→ en première ligne pour les cancers colorectaux métastatiques.
CAPOX (ou XELOX) : protocole associant la CAPécitabine et l’OXaliplatine.
→ pour les cancers colorectaux métastatiques. Administrée par voie orale.
Protocole | Adjuvant | Néoadjuvant | Palliatif |
---|---|---|---|
FOLFOX | ✔️ | ✔️ | ✔️ |
FOLFIRI | ❌ | ❌ | ✔️ |
CAPOX | ✔️ | ✔️ | ✔️ |
Remarque : Le choix du protocole dépend de plusieurs facteurs, notamment le stade du cancer, l’état général du patient et les objectifs thérapeutiques spécifiques.
Rôle infirmier
Sois bien vigilent.e sur l’apparition des effets secondaires des produits de chimiothérapies qui sont nombreux. Les plus fréquents : fatigue, troubles gastro-duodénaux, mucite, alopécie (perte de cheveux), myélosuppression (diminution cellules sanguines), neuropathie périphérique, syndrome main-pied ( rougeurs, douleurs et desquamation des paumes et des plantes des pieds).
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8.c. Radiothérapie ¹²
Elle utilise des rayonnements ionisants pour détruire les cellules cancéreuses en ciblant précisément la tumeur, tout en préservant au maximum les tissus sains environnants. La radiothérapie peut être administrée en préopératoire (néoadjuvante) pour réduire la taille de la tumeur et faciliter la chirurgie, ou en post-opératoire (adjuvante) pour éliminer d’éventuelles cellules résiduelles.
→ Effets secondaires : troubles gastro-intestinaux (diarrhée, douleurs abdominales) et réactions cutanées au niveau de la zone irradiée.

8.d. Thérapie ciblée ¹³
Elle vise les mécanismes de croissance tumorale tout en préservant les cellules saines. Des agents comme le bévacizumab et le cétuximab bloquent des voies spécifiques de prolifération, souvent associés à la chimiothérapie pour plus d’efficacité.
→ Effets secondaires : réactions cutanées, troubles gastro-intestinaux, anomalies sanguines.

Prévention et dépistage ¹⁴
La prévention vise à limiter les facteurs de risque et promouvoir une alimentation saine (riche en fibres, pauvre en viandes rouges et transformées, activité physique régulière, arrêt tabac et alcool). Le dépistage tous les deux ans pour les personnes de 50 à 74 ans, par un test immunologique de détection de sang dans les selles. En cas de test positif ou risque élevé (antécédents familiaux), une coloscopie est indiquée pour détecter et retirer d’éventuelles lésions précancéreuses.
Rôle infirmier
Pour convaincre les patients réticents au dépistage du cancer colorectal, explique que le test est simple, rapide, réalisable à domicile et qu’une détection précoce permet une guérison dans 9 cas sur 10. ¹⁵
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Mars Bleu est une campagne annuelle en France visant à sensibiliser au dépistage du cancer colorectal. Chaque année, en mars, des actions sont menées pour informer le public sur l’importance du dépistage précoce et encourager la participation aux programmes de dépistage. ¹⁰

Innovations dans le dépistage et le diagnostic du cancer colorectal ¹⁷
La coloscopie virtuelle, ou coloscanner, est une technique d’imagerie non invasive qui permet de visualiser le côlon et le rectum à l’aide d’un scanner. Elle offre une alternative à la coloscopie traditionnelle si contre indiquée. Des études récentes datant de 2021 ont comparé son efficacité à d’autres méthodes de dépistage. L’essai TOPAZ, par exemple, a révélé que la capsule colique était plus performante que la coloscopie virtuelle pour détecter certains polypes chez les patients à risque modéré de cancer colorectal.

La capsule colique est un dispositif médical miniaturisé, ingéré par le patient, qui capture des images de l’intérieur du côlon pour détecter des anomalies telles que des polypes ou des tumeurs
Résumé
Le cancer colorectal est une tumeur maligne du côlon ou du rectum, avec des facteurs de risque incluant l’âge, les antécédents familiaux, et le mode de vie. Les symptômes comprennent des changements de transit, du sang dans les selles, et une fatigue inexpliquée. Le diagnostic repose sur des examens comme la coloscopie et l’imagerie. Le traitement implique la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie et les thérapies ciblées, adaptées au stade de la maladie. La prévention inclut un mode de vie sain et un dépistage régulier pour les 50-74 ans, avec un test immunologique tous les deux ans. Des innovations comme la coloscopie virtuelle et la capsule colique améliorent les techniques de dépistage et de diagnostic.
Sources
Cours IFSI UE 2.9 Cancer colorectal
- https://www.ameli.fr/cote-d-or/assure/sante/themes/cancer-colorectal/comprendre-cancer-colorectal
- https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-colorectal
- https://www.vidal.fr/maladies/cancers/cancer-colorectal/symptomes.html
- https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-colon-et-rectum/symptomes-diagnostic/les-signes-et-les-symptomes.html/
- https://www.vidal.fr/maladies/cancers/cancer-colorectal/facteurs-risque.html
- https://www.ameli.fr/cote-d-or/assure/sante/themes/cancer-colorectal/comprendre-cancer-colorectal
- https://www.msdmanuals.com/fr/professional/multimedia/table/classification-par-stades-du-cancer-colorectal
- https://www.ameli.fr/cote-d-or/assure/sante/themes/cancer-colorectal/cancer-colorectal-depistage
- https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Le-diagnostic
- https://www.ligue-cancer.net/mars-bleu
- https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-colon-et-rectum/traitements/la-chimiotherapie.html/
- https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Se-faire-soigner/Traitements/Radiotherapie/Indications
- https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-colon-et-rectum/traitements/les-therapies-ciblees.html/
- https://www.arcagy.org/infocancer/localisations/appareil-digestif/cancer-colon-et-rectum/traitements/les-therapies-ciblees.html/
- https://www.e-cancer.fr/Acces-thematique/Depistage-du-cancer-colorectal-comment-faire-le-test
- https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-gastro-intestinaux/hémorragie-gastro-intestinale/revue-générale-des-hémorragies-gastro-intestinales
- https://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/la-capsule-colique-plus-efficace-que-la-coloscopie-virtuelle-pour-detecter-certains-polypes-essai-randomise-/new_id/67002
- https://www.ameli.fr/cote-d-or/assure/sante/themes/cancer-colorectal/traitements-medicaux